Le roi Gradlon de Cornouaille possédait de nombreux navires qu’il utilisait pour faire la guerre aux lointains pays du Nord. Stratège hors pair, il gagnait la plupart des batailles et pillait les vaincus. Il amassait les richesses.
Mais un jour, ses marins fatigués de tous ces combats refusèrent de continuer à assiéger un château. Le roi les laissa repartir en Cornouaille et il resta seul dans le Nord. Quand il fut seul il vit une femme rousse : Malgven, la reine du Nord, se tenait devant lui. Elle lui dit : « Je te connais, tu es courageux et adroit au combat. Mon mari est vieux, son épée est rouillée. Toi et moi allons le tuer. Ensuite, tu m’emmèneras dans ton pays de Cornouaille. » Ils tuèrent le roi du Nord et enfourchèrent Morvarc’h (« cheval de mer » en breton), le cheval magique de Malgven. Il était noir, crachait du feu par ses naseaux et était capable de galoper sur la mer. Ils rattrapèrent les navires de Gradlon mais l’élan de Morvarc’h éloigna du reste de la flotte le navire où il s’arrêta.
Gradlon et Malgven restèrent longtemps en mer, si bien que Malgven donna naissance à une fille, Dahut. Selon certaines versions de l’histoires, la reine en mourut. Selon d’autre versions, elle ne mourut pas mais, quelque temps après la naissance de Dahut, elle demanda à Gradlon ce qu’il pensait de Dahut. Celui-ci répondit « je la chéris déja comme je te chéris ». Malgven lui annonça alors que le visage de Dahut garderait l’apparence du sien pour qu’il ne l’oublie pas car le temps était venu pour elle de retourner dans son monde puis ajouta qu’ils verraient une île peu après et qu’il devait la laisser partir là car, sinon, ils ne pourraient jamais revoir la terre. Peu après, ils aperçurent une île et Malgven y partit seule.
Quoi qu’il en soit Gradlon arriva peu après en Cournouaille avec Dahut mais sans Malgven. Selon une variante de l’histoire, Dahut était passionnée par la mer et demanda à son père de lui bâtir une cité marine. Ainsi fut fait et la ville d’Ys fut construite sur le fond de la baie de Douarnenez.
Une autre variante affirme que la Bretagne s’enfonce très lentement dans la mer et que la ville d’Ys aurait été fondée plus de 2000 ans avant Gradlon à un endroit qui se trouve au large de l’actuelle baie de Douarnenez et qui, à l’époque, était encore émergé mais, au début du règne de Gradlon, la ville se trouvait en dessous du niveau de la mer à marée haute. Par conséquent, une très haute digue empêchait l’eau d’y pénétrer et seule une porte de bronze, dont l’unique clef était en permanence avec le roi, permettait d’entrer ou de sortir de la ville.
Ys était la plus belle et la plus impressionnante ville du monde mais devint rapidement, malgré les sermons de Saint Guénolé, la ville du péché sous l’influence de Dahut (aussi appelée Ahès). Celle-ci organisait des orgies et avait l’habitude de faire tuer ses amants une fois le matin venu, si bien que Dieu décida de la punir.
Un jour, un chevalier vêtu de rouge vint à Ys. Dahut lui demanda de venir auprès d’elle et un soir, il accepta. Une tempête éclata en pleine nuit, on entendait les vagues frapper avec violence la porte de bronze et les murailles. Dahut dit au chevalier : « Que la tempête rugisse, les portes de la ville sont solides et c’est le Roi Gradlon, mon père, qui en possède l’unique clef, attachée à son cou », à quoi il répondit : « Ton père le roi dort, tu peux maintenant t’emparer facilement de cette clef. » Dahut vola la clef à son père et la donna au chevalier, qui n’était autre que Satan. Le diable ouvrit la porte de la ville. — Une autre version prétend que ce fut Dahut elle-même qui les ouvrit.
Les portes ayant été ouvertes en pleine tempête et à marée haute, une vague aussi haute qu’une montagne s’abattit sur Ys. Le roi Gradlon et sa fille montèrent sur Morvarc’h, le cheval magique. Saint Guénolé vint près d’eux et dit à Gradlon : « Repousse le démon assis derrière toi ! » Gradlon refusa d’abord, mais il finit par accepter et poussa sa fille dans la mer. L’eau recouvrit Dahut qui devint une sirène. (la légende précise que cette sirène avait une apparence parfaitement humaine et, donc, n’avait pas l’apparence chimérique que l’on attribue aujourd’hui aux sirènes)
Gradlon se réfugia à Quimper, qui fut sa nouvelle capitale. Une statue équestre de Gradlon fut faite et elle est toujours aujourd’hui entre les flèches de la cathédrale Saint Corentin à Quimper. On dit que les cloches des églises d’Ys peuvent encore être entendues en mer par temps calme. Une légende dit que quand Paris sera engloutie, resurgira la ville d’Ys : Pa vo beuzet Paris, Ec’h adsavo Ker Is (Par Is signifiant en breton « pareille à Ys »).
Source : Wikipedia